Page:Sand - Malgretout.djvu/301

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qui n’y venaient que pour dénigrer à son oreille la simplicité des bons voisins et la toilette trop modeste de leurs femmes. Elle tenta de nous convertir, mon père et moi, à ses idées sur le monde qu’elle rêvait, et, n’y réussissant pas, elle s’irrita contre nous et nous fit une vie d’amertumes poignantes.

Lady Hosborn était une bonne femme au cerveau très-creux, qui aimait le bruit du monde sans y rien comprendre, sans y porter le moindre besoin d’appréciation. Son unique but dans la vie était de bien recevoir et de rendre sa maison brillante ; c’était aussi le goût de son fils. Le tapage de divertissements qu’on trouvait chez eux ressemblait à une ivresse ; ce n’était qu’un charivari, et le plus plaisant de la chose, c’est qu’on y dépensait très-méthodiquement des sommes folles. Lady Hosborn avait beaucoup d’ordre, et avec une gravité tout anglaise, car, en croyant se divertir beaucoup, elle ne souriait jamais, elle réglait avec le plus grand soin et la plus effrayante activité les joies imprévues, le faste toujours renouvelé de son château ; elle y arrivait et en partait tous les ans le même jour ; elle passait à Paris le même nombre de semaines, et à Londres le même nombre de mois, sans déranger d’une heure l’ordre de ses voyages et de ses occupations. Elle disait cette exactitude nécessaire à la constance de ses relations anciennes et au recrutement illimité des nouvelles. Elle était assez humaine et répandait juste assez de bienfaits