Page:Sand - Malgretout.djvu/325

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pare d’un mariage désiré et rêvé par ma sœur ? Ce serait une brouille sans retour avec elle ! Ne me plaignez pas de mon sacrifice, ce n’en est pas un. Il me serait impossible de partager l’existence affolée de lord Hosborn et de sa mère, vous le savez bien.

Mon père avait besoin de causer de l’événement inattendu qui venait de se produire dans notre paisible intérieur. Il m’emmena promener avec Sarah, qui commençait à marcher résolument, et par je ne sais quelle fatalité nos pas nous portèrent aux Dames de Meuse. Mon père me parlait toujours de lord Hosborn, qui lui inspirait de l’intérêt, et il s’affligeait de mon brusque refus.

— Ce n’est pas le rang et la fortune qui me préoccupent, me disait-il. Je n’y tiens pas plus que vous ; mais cet homme faisait preuve d’un si grand bon sens en vous préférant à votre sœur, que son attachement eût été sérieux. Vous avez peut-être repoussé le bonheur, ma pauvre enfant, et votre sœur n’en profitera point. Elle ne saura jamais se faire aimer sérieusement, elle !

J’écoutais mon père avec distraction. J’étais retournée aux Dames de Meuse bien des fois depuis un an, j’avais même essayé de me blaser dans mes contemplations pour émousser la souffrance de mes souvenirs ; mais cet anniversaire me bouleversait malgré moi. Que de choses s’étaient passées depuis cette époque de calme et de résignation où il me