Page:Sand - Mauprat.djvu/394

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ditoire Jean de Mauprat, qui n’y était pas ; je parle de celui dont la mort n’a pas été constatée, quoique la cour ait cru devoir passer outre et en croire sur parole M. Jean de Mauprat.

— Témoin, dit le président, je vous ferai observer que vous n’êtes ici ni pour servir d’avocat à l’accusé, ni pour réviser les arrêts de la cour. Vous devez dire ce que vous savez du fait, et non ce que vous préjugez du fond de l’affaire.

— Possible, répondit Patience. Il faut pourtant que je dise pourquoi je n’ai pas voulu témoigner la première fois contre Bernard, n’ayant à fournir que des preuves contre lui et n’ayant pas foi à ces preuves mêmes.

— On ne vous le demande pas pour le moment. Ne vous écartez pas de votre déposition.

— Un instant ! j’ai mon honneur à défendre, j’ai ma propre conduite à expliquer, s’il vous plaît.

— Vous n’êtes pas l’accusé, vous n’avez pas lieu à plaider votre propre cause. Si la cour juge à propos de vous poursuivre pour votre désobéissance, vous aviserez à vous défendre ; mais il n’est pas question de cela maintenant.

— Il est question de faire savoir à la cour si je suis un honnête homme ou un faux témoin. Pardon ! il me semble que cela fait quelque chose à l’affaire ; la vie de l’accusé en dépend ; la cour ne peut pas regarder cela comme indifférent.

— Parlez, dit l’avocat du roi, et tâchez de garder le respect que vous devez à la cour.

— Je n’ai pas envie d’offenser la cour, reprit Patience ; je dis seulement qu’un homme peut se soustraire aux ordres de la cour par des raisons de conscience que la cour peut condamner légalement, mais que chaque juge en particulier