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MONT-REVÊCHE





I


— Tu as mille fois raison, mon cher ami, disait Flavien ; mais la raison est une sotte : elle n’a jamais guéri que les gens bien portants, et, moi, je suis malade, très-malade, ne le vois-tu pas ? J’ai une fièvre nerveuse qui me rend insupportable aux autres et à moi-même.

— Ta fièvre est une sotte, répondait Thierray. Elle n’a jamais tué que les êtres faibles au moral et au physique, les niais. Tu es un des êtres les mieux organisés que je connaisse : donc, une crise d’irritation nerveuse, causée par le plus vulgaire des chagrins, n’est pas un mal dont tu ne puisses triompher, s’il te plaît, en deux heures.

— Oui ; je sais que, d’ici à deux heures, je peux m’entendre avec une femme plus belle et peut-être tout aussi aimable que Léonice. Mais il me faudra peut-être deux mois pour trouver supportables, auprès de celle-là, les heures que j’avais fini par trouver assez douces auprès de celle-ci.

— Sais-tu une idée qui me vient ? reprit Thierray. C’est que tu es né pour le mariage.

— D’où te vient cette idée lumineuse ?