Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/240

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ments furent donnés par plusieurs bouches avec une candeur qui rassura Thierray. Personne ne soupçonnait rien. Il prit Forget à l’écart, comme pour lui donner quelques ordres.

— Mon ami, lui dit-il, pouvez-vous me dire quelle est la femme ou le jeune garçon déguisé que vous avez introduit cette nuit dans le château de Mont-Revêche ?

— Monsieur ne le sait pas ? s’écria Forget surpris et presque effrayé.

— Non, en vérité. Comment le saurais-je ? Ce personnage était masqué et s’est diverti à vouloir me faire peur. J’ai couru après lui. Il s’est si bien caché et enfui, que je n’ai pu le rejoindre.

— Et comment monsieur sait-il que je l’ai fait entrer ? dit Forget un peu méfiant.

— Parce que vous seul avez pu le faire, répondit Thierray. Ce n’est pas Gervais et Manette, superstitieux comme je les connais, qui auraient permis à un revenant d’entrer dans la maison.

— C’est vrai, monsieur, dit Forget. J’ai eu tort. Mais j’ai été trompé, j’ai cru que vous étiez d’accord avec ce revenant-là, et que vous ne me le disiez pas vous-même, parce que, ne me connaissant pas encore, vous manquiez de confiance en moi. Mais je suis un honnête homme, monsieur, incapable de trahir aucun secret.

— Je le sais, Forget… Donc, cette personne, c’était ?…

— Puisque vous ne le savez pas, monsieur, je ne vous le dirai que quand on me le commandera. Je vous prie de m’excuser si j’ai fait une sottise. Je ne m’imaginais pas du tout qu’on venait pour faire peur à monsieur. On m’avait parlé d’une dame que monsieur devait épouser, et qu’il y avait une brouille qui se raccommoderait, si j’ouvrais la porte sans que Manette ni Gervais pussent