Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/344

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vous méprise tous deux. Où est mon père ? Cela seul m’intéresse.

— Vous avez réussi à rendre votre père absurde et méchant pendant une heure, dit Blondeau en haussant les épaules devant les accusations de Nathalie. Cherchez-le, vous dis-je, et tâchez de le détromper. C’est tout ce que vous avez à faire, si vous en êtes capable.

Nathalie épouvantée allait sortir, lorsque Crésus arriva.

— Que voulez-vous ? lui demanda Blondeau du ton de brusque autorité que prend à bon droit le médecin dans les orages de famille.

— Je venais parler à Madame, de la part de Monsieur, dit Crésus.

— Dites-moi ce que vous veniez lui dire, reprit Blondeau avec un redoublement d’autorité, devant lequel le groom obéit instinctivement.

— Monsieur vient de monter à cheval, dit-il ; il n’a jamais voulu que je le suive. Il m’a donné ça pour Madame.

Il montrait un billet qu’il hésitait à remettre à Blondeau, Dutertre lui ayant préalablement ordonné de le remettre à Olympe elle-même ; mais Blondeau prit le billet, l’ouvrit sans façon, l’approcha d’une bougie et lut tout bas :

« Olympe, vous pouvez reposer tranquillement cette nuit, ne vous rendez pas malade. Je vous reverrai demain matin. »

— C’est bien, dit-il à Crésus, vous pouvez aller vous coucher.

Crésus sortit.

— Qu’y a-t-il dans ce billet ? dit Nathalie. Je veux le savoir.

— Il y a, répondit Blondeau, que vous pouvez aller vous