Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/363

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me prouvera si je dois poursuivre ou abandonner les projets qui me conduisaient vers vous.

— En tout temps, en tout lieu, vous me trouverez prêt à vous donner satisfaction, dit Flavien.

Ils se saluèrent, et Forget amena leurs chevaux. Au moment où Flavien allait monter sur le sien, il frappa du pied, jura énergiquement et dit à Thierray :

— C’est révoltant d’injustice de me quitter comme cela !

— Pourquoi donc, monsieur ? dit Dutertre, qui était déjà à cheval, et qui, l’ayant entendu, revint auprès de lui.

— Parce que, dit brutalement Flavien, les yeux gros de larmes généreuses, quand un homme qui a des prétentions tout comme un autre, et qui n’est ni meilleur ni pire qu’un autre, apporte à un mari une lettre comme celle que j’ai reçue de votre femme, il mérite bien au moins qu’on ne lui fasse pas l’injure de le soupçonner pour l’avenir.

— Je ne veux pas vous soupçonner, monsieur, dit Dutertre avec dignité ; cette lettre est à vous, je vous la rends.

Et il lui tendit la lettre d’Olympe.

— Je n’en veux pas, dit Flavien avec brusquerie. Je ne me méfie certes pas de moi-même. Mais il y a des méchants et des sots en ce monde ; c’est à Thierray de garder cette preuve entre mille de l’esprit, du bon goût et de la véritable dignité de sa belle-mère.

— Elle n’a pas besoin de cette preuve, dit Dutertre en approchant la lettre de l’allumette enflammée que tenait Thierray, lequel s’était mis en mesure d’allumer son cigare.

Et il brûla la lettre.