Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/39

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Et il la pressa contre son cœur avec émotion.

— Quoi ! toute mouillée ! ajouta-t-il d’un ton de doux reproche ; dehors, à cheval, par un temps pareil ! toujours l’enfant terrible !

— Dites intrépide, au moins, mon père, ne fût-ce que pour ne pas encourager Amédée dans son rôle de sermonneur.

— Te voilà, mon enfant ! dit M. Dutertre en ouvrant ses bras au jeune homme, qui l’entoura aussitôt des siens avec effusion.

— C’est monsieur votre fils ? dit Thierray avec une expression de suprême ironie qui ne fut comprise que de Flavien.

— Non, dit Dutertre, mais c’est tout comme ! c’est mon neveu, Amédée Dutertre, que je vous présente, et réciproquement.

Les jeunes gens se saluèrent. M. Dutertre arrêta sa fille Éveline, qui déjà grimpait vivement le perron en relevant avec adresse sa longue jupe de drap chargée de sable mouillé.

— N’avertis pas les autres, dit-il, attends-moi : tu sais que j’aime à surprendre mon monde.

— Tu vois bien que sa femme est une respectable matrone, dit Thierray bas à Flavien ; autrement, un homme d’esprit comme il l’est ne dirait pas de ces choses-là ou ne les ferait pas.

— Il n’y a plus moyen d’en douter ! répondit Flavien avec un soupir de comique résignation, en montant le perron avec lui et en lui montrant Éveline, qui gagnait devant avec son père. Cette amazone déterminée a perdu toutes ses dents de lait, et encore n’est-elle que la seconde progéniture.

— Si les trois filles valent celle-ci, il y aura moyen