Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/50

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Nathalie, qui avait très-bien compris la leçon paternelle, ne daigna pas faire attention à celle d’Éveline, et répliqua en s’adressant à M. Dutertre :

— Non, mon père, c’était bien à notre chère Olympe que je parlais.

— Olympe !… reprit Dutertre confondu.

Et, se tournant vers sa femme :

— Chère amie, dit-il, est-ce que vos filles vous appellent par votre nom de baptême, à présent ?

Madame Dutertre voulut répondre pour détourner l’attention que son mari donnait à cette circonstance, Nathalie ne lui en donna pas le temps.

— Non, mon père, dit-elle ; la petite fille (elle désignait Caroline) l’appelle toujours sa mère ; Éveline dit encore petite maman d’un ton enfantin qui lui sied à ravir ; mais, moi qui suis une fille majeure…

— Pas encore, dit Dutertre.

— Pardon ! reprit Nathalie, vous m’avez fait émanciper, et mes vingt ans m’autorisent à me regarder comme une vieille fille. Olympe est une jeune femme, plus jeune que moi réellement par ses grâces et sa beauté. Je la respecte comme votre femme ; mais le respect n’a pas besoin d’avoir recours à des formes ridicules pour être réel.

— Ah çà ! je crois rêver, dit Dutertre ; je ne comprends rien à ce nouveau thème ! Que s’est-il donc passé ici en mon absence ?

— Rien, mon père, répondit Éveline, sinon que Nathalie est devenue beaucoup plus ennuyeuse et un peu plus esprit fort que par le passé.

— Je développerai mon thème, si mon père le veut, reprit Nathalie, toujours sans daigner prendre note des interruptions de sa sœur.

— Voyons ! dit Dutertre en regardant toujours fixement