— Beaucoup, ce soir ! Mais que sais-je s’il me plaira demain ?
— Tâche qu’il ne te plaise plus.
— Pourquoi ?
— Parce que tu lui déplais.
— À quoi as-tu vu cela ?
— J’ai vu cela en même temps que j’ai vu autre chose.
— Quoi donc ?
— Qu’il est amoureux d’une autre personne que toi.
— C’est donc de toi ?
— Non ; c’est d’Olympe Dutertre.
— Ah ! fit Éveline d’un air étonne.
Puis elle ajouta avec indifférence :
— Eh bien, qu’est-ce que cela me fait ?
— Et à moi ? dit Nathalie en haussant les épaules.
— Tu es sûre de ce que tu dis ? reprit Éveline un peu rêveuse.
— J’en étais sûre avant qu’il vînt ici. Il lui a écrit des vers sur son album, au dernier voyage qu’elle a fait à Paris sans nous ; des vers bien plats, par parenthèse !
— Elle te les a montrés ?
— Je n’ai pas demandé sa permission pour les lire.
Est-ce qu’on met des secrets dans un album ?
— Alors, c’étaient des vers qui ne prouvaient rien !
— Ma chère amie, dans le monde, les vers sont l’art de faire des déclarations d’amour à une femme sous le nez de son mari et devant tout le monde.
— Tu dis pourtant qu’ils étaient plats, ces vers ?
— Veux-tu les lire ? Je les ai là.
— Ah ! tu les as copiés ?
— Non, je les ai retenus…
Et elle passa une feuille volante à Éveline, qui s’écria, après les avoir lus :