Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/87

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les boiseries et tes tapis, jusqu’à la corbeille brodée en rubans au passer, la miniature de madame la dauphine et le soufflet en bois de rose. Décidément, le salon est, dans son genre, aussi précieux et aussi intéressant à examiner que le château, et je vois là une foule de petites merveilles qui ont pu tenter les jeunes élégantes. Voyons, il faut en finir, si tu ne veux que ton bouquet du matin arrive à midi, ce qui est une heure indue dans les annales des petits soins.

— Viens ici, Crésus, dit Flavien en posant le pommeau de sa cravache contre l’oreille rouge du groom. Tu as parlé d’oiseaux : il y en a sur cet écran. Est-ce cela ?

— Non, monsieur le comte, dit Crésus, ces dames ont dit comme ça : « Les oiseaux, les jolis petits oiseaux qui sont sur la table ! »

— Il n’y a ni cage ni petits oiseaux sur ces tables, dit Thierray en faisant de l’œil le tour de la chambre.

— Et il n’y en a jamais eu, dit Manette. Madame n’aimait et ne supportait que le perroquet.

— Étaient-ce des oiseaux vivants, ou des oiseaux en peinture ? dit Thierray à Crésus.

— Dame ! je ne sais pas, répondit-il en se grattant l’oreille ; ça devait être vivant, car on a parlé comme d’un bruit qui s’entendait.

— Ah ! dit Thierray, la chose s’éclaircit, et vos actions montent, monsieur Crésus ; vous êtes fort intelligent, et vous écoutez ce qui se dit à la portée de vos longues oreilles. — Tiens ! ce doit être cette montre à répétition, dit-il à Flavien : il y a des oiseaux en or vert guilloché sur le fond d’or jaune de la boîte, et cela est d’un travail exquis.

Crésus rêva et dit d’un ton capable :

— Non, monsieur, ça n’est pas encore ça. Mademoi-