a famille.
Quant à sa jeune sœur, mademoiselle Louise, je veux que sous la garde de Dumont et de sa nourrice, elle soit conduite à Nantes, où ma parente, madame de Montifault, l’attend pour remplacer auprès d’elle la mère qu’elle a perdue. »
— Ma mère est morte ! s’écria Émilien, en laissant tomber la lettre, et c’est ainsi que je l’apprends !
Je lui pris les mains. Il était pâle et il tremblait, car on ne perd pas sa mère sans une grande émotion ; mais il ne pouvait avoir de larmes pour cette femme qui ne l’avait point aimé et qu’il connaissait à peine. Quand il fut calme, il resta comme consterné de la manière dont le traitait son père, qui, ne le jugeant pas digne de recevoir une lettre de lui, lui faisait savoir sa volonté par son homme d’affaires. Il hésita un instant à croire que ce ne fût pas une invention de Prémel. Pourtant, il dut se rendre à l’évidence en lisant la fin de sa lettre.
« Monsieur le marquis, disait-il, se fait de grandes illusions sur la situation présente. Il croit d’abord que je continue à toucher des revenus de sa terre, ce qui n’est point, puisqu’elle est sous le séquestre ; ou que j’ai fait des économies importantes sur les années précédentes, ce qui est encore moins vrai, vu le refus de payement de ses fermiers et l’anarchie où se sont jetés les paysans. Je n’habite plus Franqueville, où le péril était devenu extrême pour ceux qui ont eu le malheur d’être attachés aux nobles. Je me suis modestement retiré à Limoges et je ne pourrais pas décider la nourrice de mademoiselle Louise à quitter Franqueville pour se rendre dans les provinces de l’Ouest, qui sont en pleine insurrection. Puisque vous avez gardé Dumont