Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/276

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mpli si elle sert à créer l’existence d’une famille laborieuse et honnête comme sera la vôtre. Il faut épouser le jeune Franqueville et lui apporter cette dot.

— Fort bien ; mais comment faire si vous ne me donnez du temps ?

— Je vous donne vingt ans pour vous acquitter. Est-ce assez ?

— À mille francs par an, plus les intérêts, c’est bien assez.

— Je ne veux pas d’intérêts.

— Oh ! alors, nous ne ferons pas d’affaires. Émilien est fier et regarderait cela comme une aumône.

— Alors, j’accepte l’intérêt ; mais à deux pour cent. C’est le revenu des terres affermées dans notre pays.

— Pardon : deux et demi !

— Je me trouverai très bien payé avec deux, puisque Franqueville, en ce moment, ne me rapporte rien. Je suis très étonné du tour de force que vous avez fait pour que le moutier ne me fût pas un placement stérile. J’en avais fait mon deuil pour plusieurs années, je vous dois donc de prendre la somme que vous me remettez comme un payement anticipé sur votre achat de la propriété. À partir de ce jour, elle est à vous. Comme vous êtes mineure, nous ne pouvons faire le contrat, mais notre mutuelle parole suffit, et je prendrai des mesures pour que, dans le cas où je mourrais avant votre majorité, ma volonté, à laquelle je donnerai la forme d’un legs s’il le faut, reçoive son entière exécution. Au besoin, Dumont pourrait endosser le rôle d’acquéreur. J’arrangerai cela, ne vous en inquiétez pas. Et, maintenant, laissez-moi vous dire que vous ne me devez pas de reconnaissance. J’estime que c’est_