surpris d’entendre les chouettes du donjon crier plus que de coutume. Je fis grande attention, et tout à coup, je dis à nos gens :
— Ce ne sont pas de vrais cris d’oiseau. Les chouettes elles-mêmes s’en aperçoivent, elles ne disent plus rien. Ce sont nos deux bandits qui ont grimpé au faîte du grenier et qui avertissent leurs camarades de ne pas approcher, parce que le moutier est en état de défense. Je serais bien étonnée si, dans un moment, ils n’essayaient pas de sortir du moutier pour les rejoindre.
— En ce cas, me répondit-on, il faut les guetter, leur tomber dessus et les arrêter.
Ce fut fait sans grand effort, car ces gens se rendirent sans résistance, leur rôle étant de ne pas comprendre de quoi on pouvait les accuser. On les mit dans le cachot du moutier, d’où ils ne pouvaient se faire entendre, et ils n’essayèrent plus d’avertir, ce qui les eût trop compromis.
Tout cela prit environ une heure, et minuit sonnait quand chacun se retrouva à son poste. Nous ouvrîmes la porte à moitié, et, pendant dix bonnes minutes, on réussit à ne pas faire un mouvement, à ne pas échanger une parole. Je me tenais dans la tourelle de l’ancien frère portier, à même de jeter des pierres sur les assaillants, car je m’attendais à un essai de combat, et je ne voulais pas avoir exposé mes amis sans payer aussi de ma personne.
Tout à coup je sentis une odeur de brûlé, et, regardant par la meurtrière qui donnait sur la cour, je vis la fumée sortir de la grange. Les deux bandits, soit par mégarde, soit à dessein, y avaient mis