Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/314

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XXV


Elle arriva enfin, toute vêtue de deuil et belle comme un ange. Elle commença par tendre la main à M. Costejoux en lui disant :

— Eh bien, vous savez le nouveau malheur qui me frappe ?

Il lui baisa la main en lui répondant :

— Nous tâcherons d’autant plus de vous remplacer tous ceux que vous perdez.

Elle le remercia par un sourire triste et charmant et vint à moi, gracieuse, bonne, mais non tendre et spontanée.

— Ma bonne Nanette, dit-elle en me tendant son beau front, embrasse-moi, je t’en prie. Tu me fais grand plaisir de venir me voir, j’ai tant à te remercier de tout ce que tu as fait pour mon frère ! Je le sais, tu lui as sauvé la vie cent fois pour une en le cachant et en t’exposant pour lui à toute heure. Ah ! nous sommes heureux, nous autres persécutés, qu’il y ait encore quelques âmes dévouées en France ! Et Dumont ? car Dumont a fait autant que toi, à ce qu’il paraît ?

— Certainement, répondis-je ; sans M. Costejoux