Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/48

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dors-tu dehors, sur la terre nue ? J’ai été au moment de marcher sur toi.

— Est-ce que les brigands arrivent ? lui dis-je en me relevant.

— Les brigands ! il n’y a pas de brigands, ma pauvre Nanette ! Toi aussi tu y as cru ?

— Mais oui. Comment savez-vous qu’il n’y en a pas ?

— Parce que les moines en rient et disent qu’on a bien fait d’inventer ça pour dégoûter les paysans de la révolution.

— Alors c’est une attrape ! Oh bien, en ce cas, je vais ranger Rosette et faire le souper pour quand mon grand-oncle rentrera.

— Il est donc dehors ?

— Eh oui, il a été voir si le monde a décidé de se cacher ou de se défendre.

— Il ne trouvera pas une porte ouverte et personne ne voudra lui ouvrir. C’est ce qui m’est arrivé aussi. Dès que j’ai compris qu’il n’y avait rien à craindre, je suis sorti du couvent par une brèche pour aller rassurer les amis de la paroisse ; mais je n’ai trouvé encore à parler qu’à toi. Est-ce que tu es toute seule ?

— Non, voilà Pierre qui dort comme dans son lit. Ne le voyez-vous point ?

— Ah ! si fait. Je le vois à présent. Eh bien, puisqu’il est si tranquille, laissons-le. Je vas t’aider à rentrer ton mouton et à rallumer ton feu,

Il m’aida en effet, et, tout en agissant, nous causions.

Je lui demandai à quelles maisons il avait frappé avant de venir chez nous. Il m’en désigna une demi-douzaine.