Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/97

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— Peut-être n’en a-t-il reçu aucune, répondit Émilien ; mes parents n’ont pas dû croire à la vente des couvents. Ils pensent donc que je n’ai besoin de rien.

— Ne payaient-ils pas une pension pour vous dans cette maison ?

— Non, rien, dit le supérieur ; la communauté devait recevoir vingt mille francs, le jour où il recevrait la tonsure.

— Je comprends le marché, dit M. Costejoux au magistrat ; on voulait enterrer le cadet et on intéressait les moines à entretenir sa vocation.

Le supérieur sourit et dit à Émilien :

— Quant à moi, mon cher enfant, je ne vous ai jamais caché que c’en était fait des couvents et je ne vous ai jamais beaucoup tourmenté pour y chercher votre avenir.

Ils se serrèrent la main tristement, car, depuis l’aventure du cachot, ils s’aimaient et s’estimaient beaucoup l’un l’autre. Émilien pria fièrement l’avocat de ne pas s’occuper de lui, vu qu’il n’était point d’humeur à devenir vagabond et que, sans sortir de la commune, il trouverait bien à occuper ses bras sans être à la charge de personne. Le magistrat se retira et l’acquéreur se consulta avec le maire tout en examinant les bâtiments du moutier. Quand ils revinrent vers le prieur, M. Costejoux avait pris une résolution à laquelle on ne s’attendait point.