Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/131

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— Je n’en sais rien. Je vous ai fait venir tous deux pour que vous me donniez conseil.

— Je crois, lui dis-je, qu’il faut recevoir cette demoiselle et savoir ce qu’elle veut.

— Ce qu’elle veut ! je m’en doute, moi, dit Narcisse. Albany a dû, comme il l’a écrit hier à la demoiselle, partir la nuit dernière, et mademoiselle Julia vient demander son adresse pour lui écrire ou le rejoindre.

— Demander son adresse, à moi ? s’écria mademoiselle d’Estorade.

— Dame ! vous seule pourriez la connaître.

— J’en conviens ; mais comment cette demoiselle peut-elle supposer que je connais M. Albany ?

— S’il le lui a dit !

— Il ne l’a jamais dit à personne ; à elle, certes, moins qu’à tout autre !

— Qui sait ? Écoutez-la, vous saurez à quoi vous en tenir.

— La recevoir !… Oui, il le faut bien ; mais… j’ai peur d’elle, je vous le confesse !

— Et vous avez raison, dis-je à mon tour ; ne la recevez pas seule. Qui sait à quelle extrémité peut la porter la jalousie ?

— Vous voyez donc bien ! reprit Narcisse. La Julia est jalouse, et la demoiselle a peur ! Preuve qu’Albany n’est pas si discret.