si Dieu m’eût dit : « Tu n’iras pas jusque-là ! » Que sa volonté soit faite ! Je veux ce qu’il voudra, et il faudra bien que notre pauvre ami s’y soumette. J’ignore ce que le ciel exige de moi ; c’est son secret ! Ma guérison ou ma mort me le révéleront. Je sais, par expérience, qu’on l’interroge en vain dans les plus ardentes prières. Il ne m’a jamais envoyé d’extases ni de visions. Je sentais seulement dans mon âme une voix qui me répondait : « Qu’importe ton sort, à toi ? As-tu le droit d’y tant réfléchir ? Pense aux autres, cours auprès de ceux qui te réclament, et, de ton état en ce monde, ne te préoccupe pas tant ! La vie est courte, et le temps que tu perds à vouloir que le ciel communique avec toi directement serait mieux employé à bercer un petit enfant qui souffre, ou à relever le courage d’une pauvre mère qui pleure. »
Juliette parlait ainsi avec une douceur déchirante. Ce qu’elle disait, en des termes encore plus simples et plus humbles que je ne puis les rendre, c’était bien le résumé d’une vie qui ne ressemblait à nulle autre, et dans laquelle il fallait faire un effort de supériorité, si je puis dire ainsi, pour voir aussi clair qu’elle-même. J’avais toujours été tenté d’en voir davantage, et maintenant j’étais certain qu’elle me disait tout. Qu’elle eût aimé Albany un peu plus qu’elle ne se le persuadait, cela restait acquis à ma conviction, et même je ne pouvais m’empêcher de