Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/254

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comme une véritable sœur et te garderai quelques jours, jusqu’à ce que la fureur de ta mère, qui est un peu trop dure, je le sais, soit passée. En attendant, couche-toi sur le lit de repos qui est dans mon cabinet, et je vais envoyer chez tes parents afin qu’en s’apercevant de ta fuite ils ne soient pas en peine.

Le lendemain, M. Spada vint remercier la princesse de l’hospitalité qu’elle voulait bien donner à une malheureuse folle. Il parla assez sévèrement à sa fille. Néanmoins il examina avec une anxiété qu’il s’efforçait vainement de cacher la blessure qu’elle avait au front. Quand il eut reconnu que c’était peu de chose, il pria la princesse de l’écouter un instant en particulier ; et, quand il fut seul avec elle, il tira de sa poche la boîte de cristal de roche qu’Abul avait donnée à Mattea.

— Voici, dit-il, un bijou et une drogue que cette pauvre infortunée a laissés tomber de son sein pendant que sa mère la frappait. Elle ne peut l’avoir reçue que du Turc ou de son serviteur. Votre Excellence m’a parlé d’amulettes et de philtres : ceci ne serait-il point quelque poison analogue, propre à séduire et à perdre les filles ?

— Par les clous de la sainte croix, s’écria Veneranda, cela doit être !

Mais, quand elle eut ouvert la boîte et examiné les pastilles ;

— Il me semble, dit-elle, que c’est de la gomme de lentisque, que nous appelons mastic dans notre pays. En effet, c’est même de la première qualité, du véritable skinos. Néanmoins il faut essayer d’en tremper un grain dans de l’eau bénite, et nous verrons s’il résistera à l’épreuve.

L’expérience ayant été faite, à la grande gloire des pastilles, qui ne produisirent pas la plus petite détonation et ne répandirent aucune odeur de soufre, Vene-