Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

METELLA


I


Le comte de Buondelmonte, revenant d’un voyage de quelques journées aux environs de Florence, fut versé par la maladresse de son postillon et tomba, sans se faire aucun mal, dans un fossé de plusieurs pieds de profondeur, La chaise de poste fut brisée, et le comte allait être forcé de gagner à pied le plus prochain relais, lorsqu’une calèche de voyage, qui avait changé de chevaux peu après lui à la poste précédente vint à passer. Les postillons des deux voitures entamèrent un dialogue d’exclamations qui aurait pu durer longtemps encore sans remédier à rien, si le voyageur de la calèche, ayant jeté un regard sur le comte, n’eût proposé le dénoûment naturel à ces sortes d’accidents : il pria poliment Buondelmonte de monter dans sa voiture et de continuer avec lui son voyage. Le comte accepta sans répugnance, car les manières distinguées du voyageur rendaient au moins tolérable la perspective de passer plusieurs heures en tête-à-tête avec un inconnu.

Le voyageur se nommait Olivier ; il était Genevois, fils unique, héritier d’une grande fortune. Il avait vingt ans et voyageait pour son instruction ou son plaisir. C’était un jeune homme blanc, frais et mince. Sa figure était