Vers la fin du bal, le comte revint auprès d’eux, et, les retrouvant ensemble, il se sentit joyeux et triompha intérieurement de son habileté. Il laissa Olivier donner le bras à lady Mowbray pour la reconduire à sa voiture, et les suivit par derrière avec une discrétion vraiment maritale.
Le lendemain, il fit à Metella le plus pompeux éloge du jeune Suisse, et l’engagea à lui écrire un mot pour l’inviter à dîner. Après le dîner, il se fit appeler dehors pour une prétendue affaire imprévue, et les laissa ensemble toute la soirée. Comme il revenait seul et à pied, il vit deux jeunes bourgeois de la ville arrêtés devant le balcon de lady Mowbray, et il s’arrêta pour entendre leur conversation.
— Vois-tu la taille de lady Mowbray au clair de la lune ? On dirait une belle statue sur une terrasse.
— Le comte est aussi un beau cavalier. Comme il est grand et mince !
— Ce n’est pas le comte de Buondelmonte ; celui-ci est plus grand de toute la tête. Qui diable est-ce donc ? Je ne le connais pas.
— C’est le jeune duc d’Asti.
— Non, je viens de le voir passer en sédiole.
— Bah ! ces grandes dames ont tant d’adorateurs, celle-là qui est si belle surtout ! Le comte de Buondelmonte doit être fier !…
— C’est un niais. Il s’amuse à faire la cour à cette grosse princesse allemande qui a des yeux de faïence et des mains de macaroni, tandis qu’il y a dans la ville un petit étranger nouvellement débarqué qui donne le bras à madame Metella, et qui change d’habit sept fois par jour pour lui plaire.
— Ah ! parbleu ! c’est lui que nous voyons là-haut sur le balcon. Il a l’air de ne pas s’ennuyer.