Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/299

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point dans ces moments-là. Metella fut touchée de la réserve délicate et des larmes silencieuses du jeune Olivier. Elle avait compris vaguement la veille qu’elle était aimée de lui, et maintenant elle en était sûre. Mais elle ne pouvait trouver dans cet amour qu’un faible allégement aux douleurs du sien.

Plusieurs semaines se passèrent dans cette incertitude. Le comte ne pouvait rallumer son amour, sans cesse prêt à s’éteindre, qu’au feu de la jalousie. Dès qu’il se trouvait seul avec sa maîtresse, il regrettait de ne l’avoir pas quittée lorsqu’elle le lui avait offert. Alors il ramenait son rival auprès d’elle, espérant qu’une autre affection consolerait Metella et la rendrait complice de son parjure. Mais, dès qu’il lui semblait voir Olivier gagner du terrain sur lui, sa vanité blessée, et sans doute un reste d’amour pour lady Mowbray, le rejetaient dans de violents accès de fureur. Il ne sentait le prix de sa maîtresse qu’autant qu’elle lui était disputée. Olivier comprit le caractère du comte et sa situation d’esprit. Il vit qu’il disputerait le cœur de Metella tant qu’il aurait un rival ; il s’éloigna et alla passer quelque temps à Rome. Quand il revint, il trouva Metella au désespoir et presque entièrement délaissée. Son malheur était enfin livré au public, toujours avide de se repaître d’infortunes et de se réjouir la vue avec les chagrins qu’il ne sent pas ; la désertion du comte et ses motifs rendirent le rôle de lady Mowbray fâcheux et triste. Les femmes s’en réjouissaient, et, quoique les hommes la tinssent encore pour charmante et désirable, nul n’osait se présenter, dans la crainte d’être accepté comme un pis aller. Olivier vint, et, comme il aimait sincèrement, il ne craignit pas d’être ridicule ; il s’offrit, non pas encore comme un amant, mais comme un ami sincère, comme un fils dévoué. Un matin, lady Mowbray quitta Florence sans