Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/117

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rendu un atome de force musculaire. La volonté de ressaisir à tout prix cette force me la rendit, et je me souviens encore de ceci : c’est qu’au retour d’une excursion assez sérieuse, je vins m’asseoir sur ce banc en me débitant l’axiome suivant : « Décidément, la patience n’est pas autre chose qu’une énergie. »

J’avais peut-être raison. L’inertie glacée de l’attente du mieux n’amène que le dépérissement. La volonté d’être et d’agir en dépit de tout nous fait vaincre les maladies de langueur du corps et de l’âme ; j’ai encore vaincu, l’an dernier, un accès d’anémie en n’écoutant que le médecin qui me conseillait de ne pas m’écouter du tout.

C’est bien aussi ce que me conseillait le docteur qui m’a soigné ici il y a sept ans, et que j’ai retrouvé hier soir plus jeune que moi, toujours charmant, sensible et tendre. Je l’aimai à la première vue, cet ami des malades, cet être aimable et sympathique qui apporte la santé ou l’espérance dans ses beaux yeux septuagénaires, toujours remplis de cette flamme méridionale si communicative. Certains vieux médecins de province sont des figures que l’on ne retrouvera