Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/124

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grandes ondulations qui aboutissent à la mer. Qu’elle est belle, cette mer cérulée qui, partant du plus profond du tableau, remonte comme une haute muraille de saphir à l’horizon visuel ! À droite se dressent les Alpes neigeuses, autre sublimité qui fascine l’œil et le fixe en dépit des plantes qui sourient à nos pieds et sollicitent notre attention. Dis-moi, cher naturaliste, notre maître, si le papillon, qui a tant de facettes dans son œil de diamant, peut voir à la fois la terre et le ciel, l’horizon et le ciel qui s’effleure ! Il est bien heureux le papillon, s’il peut saisir d’emblée le grand et le petit, le loin et le proche ! Ah ! que notre œil humain est lent et pauvre, et avec cela la vie si courte !

Les arbres sont très beaux dans l’Estérel, on y échappe à la monotonie des grands oliviers, bien beaux aussi, mais trop répétés dans le pays. Sauf le liége, les essences de la forêt de l’Estérel sont, à l’espèce près, celles de nos régions centrales. Les châtaigniers paraissent se plaire surtout vers le centre. C’est là que nous nous arrêtons au hameau des Adrets, toujours orné de son poste de gendarmerie, comme d’une préface de mélodrame. La route était