Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/192

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pénètre et nous anime. Il n’y a pas que l’air qui alimente nos poumons. Il y a celui que notre âme respire. Trop subtil pour tomber sous les sens, cet air divin a une vertu supérieure à nos volitions animales, il les dompte ou les régularise quand nous ne lui fermons pas nos organes supérieurs. La chimie ne trouvera jamais ce fluide sacré ; raison de plus pour que le chimiste ne le nie pas. C’est par d’autres moyens, par d’autres méditations, par d’autres expériences, que le vrai métaphysicien devra s’en emparer.

Quels peuvent être ces moyens, me diras-tu ? Ils sont bien simples et à la portée de tous, et même il n’y en a qu’un : passer à l’état de santé morale qui seule permet de saisir la véritable notion du divin. Je voudrais bien que l’on trouvât à l’âme de l’univers un autre nom que celui de Dieu, si mal porté depuis le temps des Kabires jusqu’à nos jours. J’aimerais encore mieux celui d’homme, le grand homme (comme qui dirait la grande personne universelle) de Swedenborg ; mais qu’importe son nom ? Elle en changera longtemps encore avant que nous lui-en ayons trouvé un définitif et convenable.