Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/22

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En quittant le parc pour voir les jardins, je fus frappé pourtant de l’activité déployée par un vieux jardinier pour la réparation d’un singulier objet de goût horticole. Je n’ai jamais vu rien de semblable. On me dit que c’est usité dans plusieurs villas et que cela date de la renaissance. J’aurai de la peine à vous expliquer ce que c’est. Figurez-vous un tapis à dessins gigantesques et à couleurs voyantes, étendu sur une terrasse qui tient tout le flanc d’une colline sous les fenêtres du palais. Les dessins sont jolis : ce sont des armoiries de famille, entourées de guirlandes, de nœuds entrelacés, de palmes, de chiffres, de couronnes, de croix et de bouquets. L’ensemble en est riche et les couleurs en sont vives. Mais qu’est-ce que cette mosaïque colossale, ou ce tapis fantastique étalé, en plein air, sur une si vaste esplanade ? Il faut en approcher pour le comprendre. C’est un parterre de plantes basses, entrecoupé de petits sentiers de marbre, de faïence, d’ardoise ou de brique, le tout cassé en menus morceaux et semé comme des dragées sur un surtout de table du temps de Louis XV ; mais on ne marche pas dans ces sentiers, je pense, car ils sont trop durement cailloutés