Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tandis que ses fortes épaules supportent avec patience le fardeau des tours, le vol des chars et le trépignement des armées, les iniquités et les grandeurs de l’homme, le brigand qui se glisse dans l’ombre et le juste qui marche à la lumière du jour. Mère infatigable, inépuisable nourrice, elle donne la vie à ceux-ci, le repos à ceux-là ; elle alimente et protège, elle livre ses mamelles fécondes à ceux qui s’éveillent, elle ouvre ses flancs pleins d’amour et de pitié à ceux qui s’endorment.

Homme d’un jour, pourquoi tant d’effroi à l’approche du soir ? Enfant poltron, pourquoi tressaillir en pénétrant sous les voûtes du tombeau ? Ne dormiras-tu pas en paix sous l’aisselle de ta mère ? Et ces montagnes d’ossements ne te feront-elles pas une place assez large pour t’asseoir dans l’oubli, suprême asile de la douleur ? Si tu n’es que poussière, vois comme la poussière est paisible, vois comme la cendre humaine aspire à se mêler à la cendre régénératrice du monde ! Pleures-tu sur le vieux chêne abattu dans l’orage, sur le feuillage desséché du jeune palmier que le vent embrasé du sud a touché de son aile ? Non, car tu vois la souche