Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/333

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Qui s’éveille avec lui dès qu’il touche la terre,
Et que, plus qu’on ne croit, il rapporte de loin.

L’enfant, dès qu’il comprend le son de la parole,
Aide au tableau qu’on fait pour lui du paradis,
Il le voit, il l’a vu ! et nulle parabole
N’embellit ce beau lieu présent à ses esprits.

Oui, l’enfant se souvient ; mais il faut qu’il oublie,
Afin de s’attacher à ce monde sans foi ;
Il faut que par lui-même il essaye la vie,
Afin de dire à Dieu : « J’ai souffert, reprends-moi. »

C’est alors que, selon le plus ou moins de flamme
Qu’elle a su raviver dans cet obscur séjour,
Pour plus ou moins de temps, le juge prend cette âme.
Et lui rend la santé, la jeunesse, l’amour.

Mais il est des mortels dont la course est remplie
De mérites si purs et d’un prix si parfait,
Que, leur peine remise, ou leur tâche accomplie,
De l’éternel repos ils goûtent le bienfait.

Planet, humble martyr, âme douce et naïve,
Toi qui restas enfant jusque dans l’âge mûr,
Par le besoin d’aimer, par la croyance vive,
Par le cœur et l’esprit, va donc, ton sort est sûr !