furent dénoncés, arrêtés et emprisonnés. Patureau, averti à temps, disparut. Le paysan, l’homme de la nature, abhorre la prison. Il sent qu’elle le tuera. Il aime mieux subir de pires souffrances sous la voûte des cieux. Patureau, errant à travers la campagne, dormant en plein bois, à la belle étoile, entrant furtivement dans la première hutte venue et trouvant partout le pain du pauvre et la discrétion du fidèle, échappa à toutes les recherches. Sa vie d’aventures fut un roman. Tous les limiers de la police y perdirent leur peine. L’un d’eux, un Javert peu lettré, essaya, dans un zèle fanatique, de faire parler son petit enfant, le dernier, qui avait quatre ans, et qui voyait souvent son père venir l’embrasser au milieu de la nuit. L’enfant ne parla pas.
Personne ne parla, et, durant des semaines et des mois, le proscrit revint voir ses nombreux amis et sa chère famille à l’improviste, soupant chez l’un, déjeunant chez un autre, dormant quelquefois dans un lit hospitalier, d’où il entendait, entre deux sommes, la voix des agents qui venaient interroger ses hôtes sur son compte.
Une nuit, il dormit dans la forêt de Châteauroux