j’attribuerais volontiers les lacunes apparentes de la création à celles de notre cerveau. Nous ne savons pas tout, mais ce que nous voyons est très-satisfaisant, et, que la vie se soit élancée sur la terre en semis ou en spirale, en réseau ou en jet unique, par secousses ou par alluvions, je m’occupe à voir et je me contente d’admirer.
Pour conclure, l’étude des détails ne peut se passer de méthode. La méthode impose la recherche, qui n’est qu’un emploi bien dirigé de l’attention. L’attention est un exercice de l’esprit qui crée une faculté nouvelle, la vision nette et complète des choses. Là où l’amateur sans étude ne voit que des masses et des couleurs confuses, l’artiste naturaliste voit le détail en même temps que l’ensemble. Qu’il ait besoin ou non pour son art de cette faculté acquise, je n’en sais rien ; et là n’est pas le but que j’ai cherché, je n’y ai même pas songé ; mais qu’il en ait besoin pour son âme, pour son progrès intérieur, pour sa santé morale, pour sa consolation dans les écœurements de la vie sociale, pour la force à retrouver entre l’abattement du désastre et l’appel du devoir, voilà ce qui n’est pas douteux pour moi.