Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/72

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bien, et triste, bête ou fou quand il fait le mal.

Qui l’empêche d’être lui-même ? Son ignorance du milieu où il existe, partant son indifférence pour les biens qui sont à sa portée. La race humaine est une création trop moderne pour avoir établi sa relation vraie avec le vrai de l’univers. Extraordinairement douée, elle s’agite démesurément avant de se poser dans son milieu, et l’on pourrait dire qu’elle n’existe encore que par l’inquiétude et le besoin d’exister. En possession d’un sens merveilleux qui semble manquer aux autres créatures terrestres, et qui est précisément le besoin de connaître et de sentir ses rapports avec l’univers, elle les cherche péniblement et à travers tous les mirages que lui crée cette puissance admirable de l’esprit et de l’imagination. La raison humaine est encore incomplète. L’historien de l’humanité s’en étonne et s’en effraie. L’historien de la vie, le naturaliste, peut s’en affliger aussi, mais il n’est ni surpris ni découragé. Les chiffres de la durée ne sont pour lui que des palpitations de l’astre éternité.

L’homme est forcé d’être, il est donc forcé