Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/85

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Pour répondre scientifiquement à une telle question, il faut trouver une formule nouvelle à coup sûr. Puisque tous les mots qui ont servi jusqu’ici à l’idée spiritualiste paraissent entachés de superstition, et que tous ceux qui servent à l’idée positiviste semblent entachés d’athéisme, vitalité, dis-nous ton nom !

Sublime inconnue, tu frémis sous ma main quand je touche un objet quelconque. Tu es là dans ce roc nu qui, l’an prochain ou dans un million d’années, aura servi, par sa décomposition ou toute autre influence peut-être occulte, à produire un fruit savoureux. Tu es palpable et visible et déjà merveilleusement savante dans la petite graine qui porte dans sa glume les prairies de six cents lieues de l’Amérique. Tu souris et rayonnes dans la fleur qui se pare pour l’hyménée. Tu bondis ou planes dans l’insecte vêtu des couleurs de la plante qui l’a nourri à l’état de larve. Tu dors sous les sables dorés du rivage des mers, tu es dans l’air que je respire comme dans le regard ami qui me console, dans le nuage qui passe comme dans le rayon qui le traverse. — Je te vois et je te sens dans tout ; mais rayez le mot divin amour du livre