Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/106

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posé la chaise de façon à vous asseoir à côté et à faire une chute des plus ridicules ; aussi avez-vous eu le soin de regarder derrière vous avant de vous asseoir, ce qui est une maladresse insigne, et puis, vous vous êtes laissé tomber dessus avec brusquerie, comme si vous étiez en colère ou écrasé de fatigue. Il ne faut pas qu’on sente le mouvement de l’acteur en scène. Il doit se trouver assis comme s’il n’avait pas de corps, car c’est toujours une chose très-vulgaire que de s’asseoir. Le meuble lui-même destiné à cet usage est une chose risible, quand on y songe ! Il faut que l’acteur fasse oublier et l’emploi du meuble et l’action de s’en servir par un escamotage ingénieux ; dans le tragique, il faut que tout soit noble, surtout ce mouvement-là, qui est le plus délicat et le plus difficile de tous. Dans le comique, il le faut gracieux, même quand il est bouffon. Ce qui n’est ni gracieux ni noble est forcément indécent. Tenez, regardez-moi ! voilà comment vous vous êtes assis !

Et il me copia si drôlement, que je me mis à rire. Alors, il se leva et se rassit plusieurs fois, changeant de place, et me révélant ce dont aucun des acteurs que j’avais vus répéter et jouer ne