Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/117

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mais ma résolution de songer sans relâche à mon avenir.

Avant de vous lancer avec moi dans la vie nomade, je dois vous faire connaître les principaux personnages auxquels j’associais ma destinée. Les uns quittèrent Paris avec nous, les autres furent ralliés en route.

L’inséparable de Bellamare et son meilleur ami peut-être, en même temps que son antipode comme caractère et comme aspect, était un homme dont l’histoire bizarre mérite d’être contée. Il portait le nom de Moranbois et s’appelait réellement Hilarion, lui, l’homme le moins gai de la terre. Il ne s’était jamais connu de famille. Enfant de l’hospice, il avait gardé les pourceaux chez un paysan qui le battait et le laissait mourir de faim. Enlevé moitié de gré, moitié de force, par des saltimbanques qui passaient, il n’avait cependant paru propre à rien pour le divertissement du public ; on l’avait vite abandonné sur un chemin, où un Auvergnat l’avait ramassé pour porter sa balle. Ce métier lui plut ; on le nourrissait convenablement, il aimait à voyager, et l’Auvergnat n’était pas un méchant homme. Il se trouva qu’Hilarion était un brave