Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/183

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nous courûmes rejoindre la bande joyeuse, qui déjà s’élançait sur la flotte de M. le baron. Figurez-vous trois mauvais bachots sur une longue mare stagnante, et vous verrez d’ici la régate. En un clin d’œil, je vis, moi, que tous mes camarades avaient de mauvaises intentions et que les jeunes officiers avaient de coupables espérances, le projet ou le désir de tous étant de faire prendre un bain au capitaine. Les femmes nous comprirent et ne voulurent pas monter en barque, excepté la Sainte-Claire, qui bondit lourdement et résolument sur la maîtresse embarcation et prit le gouvernail, tandis que le capitaine s’emparait des avirons et suppliait Impéria de se fier à lui. Au lieu d’elle, ce fut moi qui acceptai l’invitation après m’être entendu par signes avec Marco, qui gouvernait la seconde barque, et Bellamare, qui se chargeait de la troisième. Bientôt, au lieu d’une régate, un combat naval fut improvisé, et les deux barques exécutèrent avec ensemble un furieux abordage contre la notre. Il s’agissait de culbuter le capitaine dans la confusion de la lutte et au milieu d’un vacarme épouvantable. Je tenais à m’en charger tout en paraissant le défendre, puisque je faisais partie de son équipage,