Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/219

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— Laurence.

— Il mérite qu’on l’aime, c’est un brave et digne garçon.

— Je le sais, j’ai pris sur lui comme sur vous tous les renseignements possibles. Je l’ai vu débuter ; il m’a plu. Il n’a pas beaucoup montré son talent ce soir-là, il était troublé. Sa figure m’a été sympathique, sa voix m’a été au cœur. Un autre soir, je l’ai revu, il a été admirable, il m’a fait trembler et pleurer. J’ai senti que je l’aimais follement ; mais jamais ce secret ne fût sorti de mon cœur sans les événements qui ont suivi cette représentation.

— Le duel avec le capitaine Vachard ?

— Précisément. Je connais ce Vachard, il a voulu me faire la cour, je l’ai mal reçu, il me déplaisait souverainement. Blessé de la brusquerie de mon refus, il m’a calomniée. C’est son habitude, c’est un malhonnête homme. Il m’était donc devenu odieux, bien qu’il ne m’eût fait aucun tort. Ma vie est sans reproche, je pourrais même dire sans émotion, et pas une des personnes qui me connaissent n’a cru à ses mensonges ; mais les hommes d’à présent n’ont pas l’instinct chevaleresque, et il ne s’en est