Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/226

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III


Je vous demande la permission, dit Laurence, d’interrompre un peu mon récit. S’il ne vous a pas ennuyé, je veux pouvoir le continuer avec autant d’exactitude et de sincérité que j’ai réussi à le faire jusqu’à présent. Mes souvenirs étaient très-nets, parce qu’ils étaient très-simples et se reportaient sur une préoccupation exclusive. À partir de l’aventure de la chambre bleue, cette préoccupation se dédouble, et j’ai besoin de ressaisir le fil du labyrinthe où je me suis senti longtemps perdu.

— C’est-à-dire, fis-je observer à Laurence, que vous avez aimé à la fois la belle comtesse et la charmante actrice ?

— Oui et non, non et oui ; peut-être, que sais-je ? vous m’aiderez à voir clair en moi-même. Voulez-vous que nous marchions un peu ? je n’ai pas l’habitude de rester ainsi en place et de m’occuper aussi longtemps de moi.

— Rentrons à la ville, lui dis-je ; acceptez mon dîner, et nous reprendrons ce soir ou demain, comme il vous plaira.