Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/256

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gnature. J’avais réfléchi, je sentais bien qu’en augmentant mes petits appointements, on allait exiger de moi des progrès que je n’avais pas faits ; puis je me rappelai combien la vie de Paris est coûteuse et triste quand on est seule au monde ! Mon cœur se brisait à l’idée de quitter, pour les trois quarts de l’année, la troupe qui est devenue ma famille et où je suis si heureuse, pour aller m’enfermer dans ma petite chambre humide et noire de Paris, où ma santé a tant souffert l’hiver dernier, et où une maladie plus longue me réduirait à recevoir l’aumône de mes camarades ou celle de ma concierge, ou à mourir seule dans mon coin comme un oiseau tombé du nid. Enfin Paris m’a fait peur pour le présent et pour l’avenir. Si je dois avoir du talent, ce n’est pas là que j’en acquerrai, n’ayant pas le moyen de payer un bon professeur et ne voulant pas devoir mon succès à sa charité. Je suis méfiante, vous le savez, quand je ne connais pas les gens, et je me réfugie sous les ailes où je sais pouvoir être tranquille. J’ai donc supplié M. Bellamare de me garder pour élève et pour pensionnaire, et, après avoir usé toute sa généreuse éloquence à vouloir me prouver que j’agissais contrairement à