— Il a toujours cet excellent sommeil ?
— Toujours.
— Et toi, tu n’es plus fatiguée ?
— Plus du tout.
— Sais-tu qu’il est encore plus beau avec cette pâleur et cette barbe noire ?
— Oui, il me rappelle l’Hamlet de Delacroix.
— Dis donc, ma fille ! une chose étonnante pour moi, c’est que tu ne te sois pas énamourée, en tout bien tout honneur, de ce beau et brave garçon !
— Que voulez-vous ! je n’aime pas les beaux garçons.
— Parce qu’ils sont sots. Celui-là est intelligent.
— Certes, je l’aime au moral, et de tout mon cœur.
— Au moral ! Voilà, dans votre bouche, une parole délicate, mademoiselle de Valclos !
— N’y cherchez pas malice, monsieur Bellamare. J’ai vingt-trois ans, et je vois tout ce que le théâtre dévoile plus ingénument que le monde. Je n’ai donc pas à faire l’ignorante avec vous. Je sais que l’amour est une fièvre que certains regards allument ; je sais que des personnes laides inspirent des passions et que des personnes belles peuvent