Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un acteur antique. C’était un petit bronze quelconque adroitement orné d’une légende menteuse. Fontanet crut tenir un trésor et chercha à le vendre. Il en trouva un millier de francs, et ne put se résoudre à s’en séparer, jusqu’au jour où il découvrit la fraude et s’en consola en disant :

— Quel bonheur que je ne l’aie pas vendu mille francs ! comme j’aurais trompé l’acquéreur !

Dans une ville du Piémont, il rencontra une dame pieuse qui le pria de lui indiquer un bon peintre. Elle voulait orner sa chapelle particulière d’un tableau de deux mètres de haut sur un mètre de large, représentant son saint patron, et elle offrait cent francs à l’artiste. Fontanet offrit de faire le tableau lui-même. De sa vie, il n’avait touché un pinceau, ni tracé une figure. Il se mit à l’œuvre résolument, copia comme il put un saint quelconque sur la première fresque venue et signa avec orgueil : de Fontanet, peintre de sujets religieux. Il eut d’autres commandes, fit des enseignes flamboyantes et commençait à gagner sa vie, quand un hasard l’emporta en un autre lieu où la passion de la céramique s’empara de lui et lui fit commettre de nombreux vases étrusques qu’il vendit à des