Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/58

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— Je vous apporterai demain la preuve que vous n’avez rien à craindre. Je serais un misérable, si je vous faisais repentir de vos bontés pour moi ! Il sentit la sincérité de mon émotion, des larmes de reconnaissance et de joie m’étaient venues au bord des paupières. Il me tendit la main et prit son chapeau en me disant :

— À demain, à la même heure qu’aujourd’hui.

Je courus à l’instant même à la recherche de toutes les personnes dont j’étais connu. Sans leur faire pressentir mon amour pour une comédienne, je leur dis que je pouvais obtenir mes entrées au théâtre, si elles voulaient rendre bon compte de moi. En deux heures, j’eus une liste de plus de vingt signatures. Mon maître d’hôtel, mon tailleur, mon bottier et mon chapelier attestèrent avec un égal enthousiasme que j’étais un charmant garçon, irréprochable sous tous les rapports. Mes camarades firent encore mieux, ils voulurent m’accompagner, le lendemain, la carte d’étudiant au chapeau, chez le directeur. On ne les laissa pas entrer, Constant était sur ses gardes ; mais Bocage les vit de la fenêtre, leur sourit en répondant à leurs saluts, et me signa mes entrées complètes dans