Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pêcheurs ont un soin de prévoyance qui ne viendrait jamais à ceux de l’Indre. Quand on pêche les étangs, ils achètent le fretin et rempoissonnent leur rivière pour l’avenir.

En traversant une ravissante prairie, nous eûmes à saluer une très-vieille dame du hameau des Cerisiers, qui gardait ses vaches en cornette et jupon court.

Elle était seule dans cet Éden champêtre, droite, rose, enjouée.

Moreau m’apprit que c’était une personne riche, la mère d’un de nos amis, avoué très-considéré dans notre ville.

— Comprenez-vous, nous dit-il quand nous fûmes à quelques pas de cette vénérable pastoure, qu’une dame comme elle, qui a le moyen d’avoir trois vachères pour une, prenne son plaisir à être là toute seule à son âge, par chaud ou froid, vent ou pluie ?

— Ma foi, oui, pensai-je ; je le comprends très-bien. Je sais que son fils, qui la respecte et la chérit, a fait son possible pour la fixer à la ville auprès de lui. Mais elle s’y mourait d’ennui ; le bien-être et