Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/183

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tristesse, et qu’elle n’ouvre point sa porte à pareille heure.

Enfin arrive le couplet final, où il est dit : J’ons un beau mari à vous présenter, et la porte s’ouvre ; mais c’est le signal d’une mêlée étrange : le marié doit prendre possession du foyer domestique ; il doit planter la broche et allumer le feu ; le parti de la mariée s’y oppose, et ne cédera qu’à la force ; les femmes se réfugient avec les vieillards sur les bancs et sur les tables ; les enfants, effrayés, se cachent dessous, les chiens hurlent, les fusils partent, c’est un combat sans colère, sans coups ni blessures volontaires, mais où le point d’honneur est pris assez au sérieux pour que chacun y déploie toute sa vigueur et toute sa volonté, si bien qu’à force de se pousser, de s’étreindre, de se tordre la broche entre les mains, j’ai vu peu de noces où il n’y eût quelqu’un d’écloppé, au moment où le marié réussissait à allumer une poignée de paille dans la cheminée, où l’oie, déchiquetée dans le combat, prenait enfin possession de l’âtre.

Un jour, la scène fut ensanglantée par un accident