Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de vapeur flottante, et condensée sous de certaines formes. Des gens trop sincères et trop raisonnables l’ont vue pour que j’ose dire qu’il n’y a aucune cause à leur vision. Les chiens l’annoncent par des hurlements désespérés et s’enfuient dès qu’elle paraît ; cela est certain. Les chiens sont-ils hallucinés aussi ? Pourquoi non ? Sont-ce des voleurs qui s’introduisent sous ce déguisement ? Jamais la bête n’a rien dérobé, que l’on sache. Sont-ce de mauvais plaisants ? On a tiré tant de coups de fusil sur la bête, qu’on aurait bien, par hasard, et en dépit de la peur qui fait trembler la main, réussi à tuer ou à blesser quelqu’un de ces prétendus fantômes. Enfin, ce genre d’apparition, s’il n’est que le résultat de l’hallucination, est éminemment contagieux. Pendant quinze ou vingt nuits, les vingt ou trente habitants d’une métairie le voient et le poursuivent ; il passe à une autre petite colonie qui le voit absolument de même, et il fait le tour du pays, ayant produit cette contagion sur un très-grand nombre d’habitants.

Mais voici la plus effrayante des visions de la nuit.