Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/231

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nuit, sa provision de fagots sur la terre du prochain. C’est alors que l’on entend des bruits étranges de chouettes effrayées et de branches cassées par la course des sangliers dans les taillis ; c’est alors que, par un temps calme, on sent venir un rapide et inexplicable ouragan qui rase le sol et brise au pied les jeunes arbres ; c’est alors que, marchant de tige en tige, à fantastiques enjambées, le gnome à la longue chevelure vient vous dire : « Que fais-tu là ? »

Nous avons parlé déjà quelque part du ramasseux de rosée, un propriétaire matinal qui promène sur les prairies un chiffon au moyen duquel toute l’humidité d’un pré passe dans le sien. Mais il ne faut pas croire qu’il suffirait d’imiter cette simple opération pour obtenir d’aussi magnifiques résultats. D’abord, on n’est jamais bien certain quand, à travers la brume blanchâtre, on aperçoit l’opérateur, que ce soit un sorcier ou son domestique, c’est-à-dire le démon qui le sert, et qui s’habille à sa ressemblance. Dans tous les cas, il faut être bien savant pour faire sa fortune de cette manière.