Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/236

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terribles émotions de l’opération. Ils se barricadent de leur côté, frissonnant dans leur lit si quelque bruit étrange fait hurler les chiens et mugir les troupeaux.

Que se passe-t-il donc alors entre le métayer fin et le bon compère Georgeon ? Qui peut le dire ? Ce n’est pas moi ; mais bien des versions circulent dans les veillées d’hiver, autour des tables où l’on casse les noix pour le pressoir ; bien des histoires sont racontées, qui font dresser les cheveux sur la tête.

D’abord, pendant la messe de minuit, les bêtes parlent, et le métayer doit s’abstenir d’entendre leur conversation. Un jour, le père Casseriot, qui était faible à l’endroit de la curiosité, ne put se tenir d’écouter ce que son bœuf disait à son âne.

— Pourquoi que t’es triste, et que tu ne manges point ? disait le bœuf.

— Ah ! mon pauvre vieux, j’ai un grand chagrin, répondit l’âne. Jamais nous n’avons eu si bon maître, et nous allons le perdre !

— Ce serait grand dommage, reprit le bœuf, qui était un esprit calme et philosophique.