Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/255

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rebute, et qui porte l’effort constant de sa vie dans des solitudes où nul autre que lui ne voudrait planter sa tente ? Rien ne le rebute dans cette tâche d’isolement et de labeur. Donnez-lui ou confiez-lui à de bonnes conditions un peu de terre, fût-ce sur la cime d’un rocher ou sur le bord d’un torrent dévastateur, il trouvera moyen de s’y installer. Il ne vous demandera ni chemin, ni vastes établissements, ni dépenses sérieuses. Acclimaté et habitué à tous les inconvénients de la région où il est né, il persiste à travailler et à vivre quelquefois dans des conditions devant lesquelles reculeraient des colonies amenées à grands frais. Les grandes découvertes modernes de l’agriculture, les machines et le drainage, ne sont applicables qu’aux plaines. Dans les régions accidentées où les transports ne se font qu’à dos de mulet, la bêche, c’est-à-dire le bras de l’homme, peut seul tirer parti de ces précieux filons de terre extrafine qui glissent et s’accumulent dans les intervalles des rochers. Qui de nous voudrait se charger de disputer, sa vie durant, ce terreau à la roche qui l’enserre, et d’ha-