Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/136

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vierge. Et quelle admirable puissance commence à prendre cette vie du cœur ! Il sera bien facile de vous le démontrer. Enfin de la manifestation de ces deux vies dans le peuple doit naître la vie de l’intelligence. Et ces facultés toutes jeunes accompliront leur destinée puissante, ainsi qu’il est écrit au livre éternel, qui garde toujours dans ses archives, sous le limon et sous la cendre de la décomposition transitoire, le germe et l’étincelle de l’éternelle recomposition. Ainsi, quand nous nous reverrons, je vous soutiendrai ces deux propositions abominables, qui font jeter les hauts cris à nos conservateurs, 1° que la rénovation de l’être humain est prête à s’opérer, et que c’est par le peuple qu’elle s’opérera dans toutes les classes de la société devenues unité sociale ; 2° que c’est le devoir du peuple d’y travailler, et le devoir de toutes les autres classes de l’y pousser, fut-ce au prix d’une infinité de douleurs et de quelques suicides de plus. C’est bien ainsi, au surplus, que l’entend instinctivement notre poète Magu, lorsque, s’adressant au dernier rejeton de la race royale, il s’écrie avec une naïve et droite conviction :

Petit ange, je te salue ;
Digne rejeton d’un bon roi,
Que Dieu bénisse ta venue,
Et qu’il veille toujours sur toi !

Qu’il t’accorde bonté, sagesse,
Oh ! ce sont là de beaux présents !
Et qu’il préserve ta jeunesse
Des mensonges des courtisans !

Oui, tu prendras notre défense.
Petit-fils d’un roi-citoyen,