Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/197

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voyons bien aux inspirations de vos muses. Vous, jeune maçon, qui, en prenant aux classes lettrées ce qu’elles ont, et plus qu’elles n’ont, dans leur langage et dans leurs idées de choisi et d’élevé, continuez pourtant à chanter l’avenir, le progrès, le peuple, la fraternité, l’amour, la pureté des cieux, la beauté de la nature, la poésie et la noblesse du travail ; vous qui trouvez dans les fatigues et les dangers de votre métier d’artisan, dans l’amour de votre jeune femme, et dans la charité fraternelle de vos compagnons de travail et de pauvreté, vos plus belles, vos plus saintes inspirations, vous n’êtes pas corrompu, vous ne pouvez pas vous corrompre. Portez donc toujours bien haut cette tête que Dieu a bénie, et gardez toujours aussi pur ce cœur qu’il a choisi pour un des sanctuaires de ses futurs oracles. Vos frères, les nobles puritains de la vertu plébéienne, ne vous accuseront pas ; ils vous pardonneront de soigner avec amour la forme heureuse dans laquelle vous manifestez votre vie intime et brûlante. Ils seront d’autant plus fiers de vous, que vous serez plus fier de votre mission, et que vous la ferez respecter davantage.

Février 1844.